septembre 20, 2021

La créativité cultuelle : la Force (des Jedis) peut-elle devenir l’objet d’un culte… impérial ?

Consécutivement à la diffusion de la première trilogie cinématographique de « Star Wars », des « fans » ont mis en place un culte, tout à la fois ludique et sérieux, avec le  « jediisme« . Les documents qui le présentent indiquent qu’il n’y a pas un objet transcendant (comme dans les mono ou poly théismes), puisque, à l’instar de ce que raconte ces récits, il existe une Force immanente à l’Univers lui-même, consubstantiel à l’Univers lui-même, comme dans le stoïcisme. En dehors de la foi qu’il faut avoir de la Force par sa connaissance, ce culte n’a pas de dogmes. Dans certains pays anglophones, ces engagements cultuels font l’objet d’un recensement officiel. Selon ce décompte, partiel, il y aurait donc au moins 500.000 personnes adeptes de ce culte (à des degrés divers). Dans certains pays (Nouvelle-Zélande, Angleterre), ce culte ferait partie des 5 premiers cultes pratiqués. Dans cet article, cet adepte de ce culte s’en explique : « Dans un cœur Jedi, il n’y a pas d’émotion, il y a la paix. Il n’y a pas d’ignorance, il y a la connaissance. Il n’y a pas de passion, il y a la sérénité. Il n’y a pas de chaos, il y a l’harmonie. Il n’y a pas de mort, il y a la Force.” Assis en tailleur, capuche noire tombant sur le front, Alexandre Orion ne fait pas bouger les pierres par la pensée, il ne lévite pas lors des combats et ne manipule pas les esprits, mais il se revendique pasteur du Temple de l’ordre Jedi. Comme un million d’adeptes du “jediisme” dans le monde, Alexandre suit la voie du Jedi. Tous les jours, il pratique la méditation, fait des exercices physiques et entretient la Force, le fondement de cette nouvelle religion. “Pour moi, la Force est un mélange entre ce que je suis, ce que je fais et le monde qui m’entoure. C’est une connexion avec quelque chose de plus grand. La Force est tout. C’est ce qui maintient l’équilibre entre les galaxies”, explique-t-il le plus sérieusement du monde. Mais là où certains Jedi sont davantage portés sur le développement du corps, lui, privilégie l’esprit : “Le jediisme est lié à une connaissance intime de soi. Nous apprenons à ne pas réagir aux stimuli fournis par le monde moderne. Il faut prendre le temps de ne rien faire, de réfléchir, pour enrichir la relation entre l’être et le monde dans lequel il vit”. (…) Avec son dogme (la tolérance), une église (l’Ordre des Jedis), une foi (“Tout est un”), et une liturgie (le Code Jedi) aux préceptes voulus universels.“C’est une philosophie qui perçoit la vie comme un voyage. Elle renvoie à la quête de sens personnel en revendiquant une spiritualité ouverte, qui s’adresse à tout homme« , explique Olivier Servais, professeur à l’UCL, où il enseigne l’anthropologie des religions. » L’Eglise Jedi existe officiellement : https://www.jedichurch.org/ Elle reprend donc une notion gréco-chrétienne, en tant qu’assemblée de. La page d’accueil de leur « assemblée » est si sombre qu’elle laisserait penser qu’il s’agit plutôt d’un culte pour les « Siths », les ennemis des Jedis. C’est que dans la narration cinématographique, les adeptes de ce culte sont engagés dans une lutte manichéenne, incompatible avec l’immanentisme énoncé au début de ce texte. Nous aurions donc à faire à un syncrétisme, entre un manichéisme devenu structurel avec un immanentisme – même si, sur le fond, cette association est contradictoire. Pour l’heure, le Jediisme est un culte confidentiel – mais il en allait de même au début du Christianisme. Ce vers quoi se portent les humains dans les croyances auxquelles ils tiennent autant qu’ils sont tenus par, est inconnaissable, sauf pour, bien entendu, les « voyants ».

Le plus cocasse étant que la plus célèbre tirade de Yoda, maître Jedi, aurait été énoncé par le penseur arabe, Averroès. Il faut constater que ces phrases sont détournées par le « management » pour en faire des « principes », censés permettre « l’harmonie » dans les entreprises. On sait quel usage peut être fait de telles références, pour dissimuler, au contraire, un très mauvais usage de la « force »… Reste qu’il faut se demander si la fiction et l’Histoire ne pourraient pas se croiser, « unifier », dans la mesure où, si un pouvoir politique mondial de type impérial se mettait en place, le culte de la « Force » ne pourrait pas devenir son culte central, dans la mesure où la notion est synonyme de puissance, indéterminée, de domination – alors que, avec les Jedis, il ne s’agit pas de s’en servir à mauvais escient… Rendez-vous en 2200 !

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